J'ai quatorze ans et je suis en cours de maths, une matière que j'adore, surtout le professeur Bruno. Penchée sur ma copie soudain un flash étrange, une vision inattendue : ma tante Marie, le visage tout bleu dans les bras de mon père.
Je range mes affaires, me lève et sort de la classe malgré les protestations du professeur. Dans les couloirs je croise la surveillante générale, mademoiselle Heintz. Elle hurle que je n'ai rien à faire dans les couloirs et m'ordonne de retourner en classe. Sans lui accorder le moindre regard je prend mon manteau et sort du lycée.
La vision m'obsède, j'ai froid, je me sens mal. Je prend le bus jusqu'à Petit Châtel où nous habitons depuis peu. A mon arrivée, la voisine du deuxième étage, Madame Mérial, me dit :
"Vos parents ne sont pas là, ils sont partis chez..."
Je ne la laisse pas terminer et lui dis :
"oui je sais..."
Je me suis assise sur le canapé vert du salon et je n'ai pas bougé jusqu'au retour de mes parents.
En me voyant maman s'est écrié :
"N'as-tu pas cours aujourd'hui ? Tu ne rentre jamais avant le soir!"
Papa s'est assis à côté de moi, habitué à mes réactions prémonitoires :
"Ma chérie, ta tante a fait une embolie pulmonaire et elle est morte dans mes bras... Tu l'a vue n'est-ce pas ?"
Je n'ai pas besoin de répondre. Je me blottis dans ses bras tandis que maman marmonne
"Toujours ses maudites prémonitions!"
Histoire réelle que je n'ai jamais oubliée. Il y en eut avant et beaucoup d'autres après celle-ci.
Violette W-Ruer le 17 avril 2017
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